Recherche 05

«Repenser l’innovation. Connaître et gérer le legs du logement social, expérimental et innovant de la décennie 1968-1978»

VOLET 1
2E SESSION (2017)
ENSA Marseille (INAMA)
Responsable scientifique :
Ana Bela De Araujo, MCF HCA
Partenariat : archives Départementales des Bouches-du-Rhône- Archives d’architecture, CAUE du Nord, Centre d’archives d’architecture du XXe siècle, Cité de l’architecture et du patrimoine, DRAC Hauts de France, DRAC Sud-PACA, Lille Métropole Habitat (bailleur social), Maison de l’architecture et de la Ville, Lille (nouvelle dénomination WAAO), Région Hauts de France, Direction de la Culture (dans le cadre de la convention de partenariat portant sur la Ville nouvelle de Villeneuve d’Ascq), Service Saint-Gobain Archives, Direction Habitat Saint-Gobain, cellule habitat France

Au tournant des années 1960-70, en pleine période de construction d’un habitat de masse, l’Etat, confronté à l’échec de la forme urbaine du grand ensemble, s’engage dans une réorientation de la politique de construction du logement tournée vers le renouveau de la qualité du cadre de vie des français. Promue source de croissance, l’innovation devient la nouvelle doxa. C’est le Plan Construction, organisme de mission interministériel créé en 1971, dont l’ambition était de «renouveler la construction et l’ouvrir à l’innovation» (R. Lion, 1974), qui a impulsé au tournant des années 1960-1970 un véritable laboratoire de l’habitat: le logement social à caractère expérimental, innovant et qualitatif. Notre objectif consiste, à partir d’une triple approche, en termes d’histoire critique, d’analyse architecturale et d’expertise des valeurs patrimoniale et d’actualité, à tirer les enseignements de cette expérience de grande ampleur caractéristique de la période.

 

Les résultats multiples de ces politiques publiques ont renouvelé la production du logement selon deux axes: le premier est redevable à l’innovation technique constructive, le second est fondé sur un renouvellement typologique. Si le premier axe a permis de déployer une première «famille» de collectifs sériels, conçus hors-sol et soumis à des contraintes de reproductibilité (essentiellement porté par le Plan Construction), le second axe a contribué à l’émergence de la notion d’habitat intermédiaire, et à son expérimentation essentiellement sur les territoires des Villes Nouvelles.

 

L’échantillon d’analyse d’une trentaine de réalisations (une quarantaine après intégration des opérations dites libres) obéit à plusieurs critères, dont celui des modalités de production (caractère de la maitrise d’ouvrage, statut du «concepteur»…). Il réunit dans une visée comparative: opérations réalisées en nombre et en série à partir de la définition d’un modèle (Modèles-Innovation), opérations s’inscrivant dans les divers dispositifs volontaristes imaginés et mis en œuvre par l’Etat dans le cadre des Villes Nouvelles, opérations réalisés dans un cadre plus libre… Il vise prioritairement à confronter deux sphères, celle activement promue par l’Etat au nom de l’innovation qualitative et celle plus libre d’opérations réalisées dans des cadres divers, publics, para-publics et privés.

Le travail consistera à proposer une analyse historique à visée historiographique et critique et une expertise au regard des normes, modèles et valeurs contemporaines. Il s’agit d’une part de questionner la représentativité, l’inscription culturelle et historique, ainsi que les qualités spatiale et matérielle des objets expérimentaux construits. La recherche développera une étude de ces opérations du point de vue de la commande, de leur programmation, de leur conception, de leur réalisation, de leur évolution, de leur réception jusqu’à nos jours. Il s’agit d’autre part d’évaluer la valeur d’actualité de cet héritage, soit la manière dont cet important corpus peut répondre aux questionnements actuels, tant du point de vue de la gestion de l’héritage que de celui de sa valeur comme modèle architectural et urbain répondant aux actuelles exigences environnementales et sociales.

 

Sur un plan plus général, l’analyse historique et matérielle du corpus réalisée dans le cadre de la pédagogie (à l’ENSAP Lille et à l’ENSA Marseille) alimentera de manière substantielle deux réflexions théoriques portées par les chercheurs du LACTH et d’INAMA. La première est une réflexion en termes d’histoire-critique sur l’évolution du concept d’innovation dans les sphères de la recherche architecturale incitative et plus libre, au croisement de l’histoire des techniques, de l’histoire politique, de l’histoire économique mais aussi de l’histoire des formes architecturales et d’une histoire du capital immatériel, c’est-à-dire la connaissance, abordée depuis une décennie comme un bien économique à part entière. La seconde est la construction théorique du concept d’habitat intermédiaire dans le cadre nécessaire, ici également, d’une mise en perspective qui vise la construction d’une Histoire de l’habitat intermédiaire. A Lille comme à Marseille l’articulation entre développement d’une recherche et expérimentation pédagogique est un élément à part entière de la méthodologie d’analyse.

Recherche 05

«Modèle innovation et label ACR (Architecture contemporaine remarquable)»—Région Hauts-de-France

VOLET 2
4E SESSION (2019)
ENSAP Lille (LACTH) / Projet 1
Responsable scientifique :
Richard Klein, PR HCA
Partenariat : DRAC Hauts-de-France, CAUE du Nord

Expérimentation proposée à partir des résultats de la recherche «Repenser l’innovation. Connaître et gérer le legs du logement social, expérimental et innovant de la décennie 68-78». Responsable scientifique: Ana bela de Araujo, MCF HCA, INAMA—ENSA Marseille (en partenariat avec l’ENSAP Lille—LACTH)

 

Les équipes de recherche de laboratoire du Lacth (ENSAP Lille) et de l’Inama (ENSA Marseille) ont répondu dans le cadre de la 2e session de l’appel à projet «Architecture du XXe siècle, matière à projet pour la ville durable du XXIe siècle» à partir d’une proposition qui s’intitule «Repenser l’innovation, connaître et gérer le legs du logement social, expérimental et innovant de la décennie 1968-1970». Ana bela de Araujo est responsable scientifique de cette recherche, Richard Klein assure la coordination de l’équipe lilloise et le rapport définitif de cette recherche sera rendu très prochainement. L’équipe du Lacth a choisi comme objet d’étude les Modèles Innovation qui étaient destinés à une production «en série» qui représentent vraisemblablement la version la plus pragmatique de la tentative de changement dans l’édification du logement social par la politique des modèles.

 

La présente proposition s’intitule «Modèles Innovation et label ACR». Elle porte sur l’expérimentation à partir de l’inventaire et de l’évaluation patrimoniale des Modèles Innovation dans les Hauts-de-France. Les critères du label ACR appliqués aux Modèles Innovation permettent d’imaginer comment le logement collectif issu d’une politique publique nationale peut être traité. La connaissance détaillée des opérations dans leurs réalités matérielles et leur contexte culturel permettrait de saisir l’évolution de ce patrimoine, et d’inscrire leur avenir dans un contexte d’interventions raisonnées. Il s’agirait ainsi d’inscrire les valeurs patrimoniales des Modèles Innovations, et plus généralement celles du patrimoine du XXe siècle, en lien étroit avec les logiques de rénovation énergétique, pour favoriser la transition vers une ville durable du XXIe siècle.
Les objectifs de notre proposition sont de tester en situation réelle avec deux partenaires, la DRAC des Hauts-de-France et le CAUE du Nord, les résultats de la recherche de plusieurs façons:

expérimenter à partir de l’inventaire raisonné complété grâce cette 4e session, les instruments d’une campagne de labellisation au titre du label ACR des opérations issues des Modèles Innovation dans les Hauts-de-France.
expérimenter la diffusion des hypothèses, méthodes et résultats dans les différents territoires des Hauts-de-France auprès des publics concernés (scientifiques, architectes, bailleurs, élus, habitants…) à partir de la base SPASS Territoires (s-pass.org) une plateforme collaborative et participative portée par le réseau des CAUE.

Le partenariat avec la DRAC sur la mise en place d’une action de labellisation ACR d’opérations issues des Modèles Innovation pourrait être adapté à des objets similaires dans d’autres régions, puisque les Modèles Innovations ont été construit à grande échelle sur l’ensemble du territoire français. En outre, la méthodologie et la critériologie spécifique à mettre en œuvre dans le cas d’une labellisation d’objets produits en série—qui présentent des caractéristiques communes mais des variations, adaptations et évolutions -, pourraient être transposées à d’autres politiques ou projets de labellisation et de protection d’architectures en série. Cette possibilité constitue une perspective d’une transposition ou d’une adaptation possible des résultats de l’expérimentation à d’autres situations similaires.

 

L’équipe du Lacth est constituée de Richard Klein (responsable de l’expérimentation) et de Caroline Bauer qui réalisait avec Richard Klein la recherche dans le volet inventaire concerné par l’expérimentation.

 

Deux livrables différents seront proposés. Pour la partie consacrée à la campagne de labellisation il s’agit d’un rapport faisant été de la mise en place de la campagne et donc de la logique mise en place à partir de la connaissance détaillée des opérations des Modèles Innovations et des critères du label ACR. Pour la partie liée à la diffusion des connaissances et valorisation de la recherche auprès du public le livrable sera la mise en place sur la plateforme S-PASS ainsi qu’un rapport faisant état du passage de l’inventaire des Modèles Innovation (recherche session 2) à la forme numérique de la plateforme collaborative.

Recherche 05

«Réhabilitation 2.0: analyses fines et comportement habitants. Le quartier de la Vieille Motte à Neuville-en-Ferrain (59)»

VOLET 3
ENSAP Lille (LACTH) / Projet 2
Responsable scientifique :
Antonella Mastrorilli, PR STA
Partenariat : Groupe privé d’immobilier social Vilogia, REHA 3 / PUCA

Expérimentation proposée à partir des résultats de la recherche «Repenser l’innovation. Connaitre et gérer le legs du logement social, expérimental et innovant de la décennie 68-78». Responsable scientifique: Ana bela de Araujo, MCF HCA, INAMA—ENSA Marseille (en partenariat avec l’ENSAP Lille—LACTH)

 

Aujourd’hui la plupart des logiciels d’évaluation des performances énergétiques se basent sur des méthodes simplifiées, en régime stationnaire, qui prennent en compte des moyennes temporelles (mensuelles ou saisonnières).

 

Toutefois, des nombreuses variables entrent en jeu dans le calcul des performances énergétiques. En particulier, la variable liée au mode de vie des occupants semble avoir un rôle déterminant car elle représente l’un des facteurs principaux de l’écart avéré entre la phase de projet de rénovation énergétique et le fonctionnement réel du bâtiment.

 

Dans la première phase de la recherche une étude a été menée sur la prise en compte de la variable d’occupation dans les scénarios de réhabilitation énergétique des logements de la résidence Salamandre située à Villeneuve d’Ascq conçue par l’architecte André Wogenscky et inaugurée en 1979.

 

L’étude montre que l’énergie correspondante au comportement des occupants (régulation du thermostat, fermeture et ouverture des fenêtres ou des volets, activités quotidiennes, etc.) a un impact important sur le diagnostic énergétique et peut de ce fait influencer les décisions lors d’une rénovation énergétique.

Les résultats sont encourageants et nous amènent aujourd’hui à chercher d’autres études de cas permettant d’affirmer qu’une évaluation proche de la réalité des performances énergétiques d’un bâtiment représente une étape fondamentale pour l’identification des actions que l’architecte peut entreprendre avant toute opération de réhabilitation.

 

Nous avons donc identifié avec les partenaires de la recherche (Le Plan Urbanisme Construction Architecture (PUCA) et le bailleur social VILOGIA) le quartier de la Vieille Motte à Neuville-en-Ferrain (59) pour vérifier davantage nos hypothèses, pour expérimenter notre démarche dans un cadre réel et pour proposer, à l’issue de cette recherche, des pistes d’intervention appropriées dans le cadre d’une réhabilitation énergétique.

 

Cette démarche, que nous appelons ici «Réhabilitation 2.0» entend, par l’emploi du terme «2.0», le changement de méthode que sous-tend cette recherche. Considérant davantage l’usager par ses interactions avec son environnement, la notion du terme «2.0» (employée aujourd’hui pour parler de l’aspect participatif et interactionnel de l’usager web dans son environnement) nous renvoie au caractère dynamique, essentiel à l’hypothèse d’une nouvelle réhabilitation «2.0».

Repenser l’innovation. Pour un habitat qualitatif (1968-1978)
Repenser l’innovation. Haut de France – label ACR et réhabilitation 2.0
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